mercredi 26 novembre 2014

Le visage du courage : Simone Veil


"J'étais très seule". C'est par ces mots que Simone Veil décrit l'atmosphère qui régnait dans l'hémicycle du Palais Bourbon lors de l'examen du projet de loi sur l'avortement en 1974. Il est difficile d'imaginer la violence des comportements de nombreux députés à l'époque et s'en sont pris à la personne de Simone Veil. Elle n'a pas flanché. Elle a gardé le cap, soutenue par Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac

40 ans déjà. A l'époque, il n'y avait que 12 femmes sur 490 députés (aujourd'hui 155 députées sur 577). Nous pouvons aisément imaginer le courage dont il a fallu faire preuve pour défendre un texte qui brisait un tabou et qui a sauvé depuis de très nombreuses femmes.

L'interruption volontaire de grossesse (I.V.G.) est un droit qui a été acquis de haute lutte. A l'époque une femme par jour mourait des suites d'un avortement clandestin. La solitude de ces femmes, leurs souffrances physiques et leur douleur morale ont été comprises. Grâce au courage et à la détermination de Simone Veil, les femmes d'aujourd'hui n'ont plus à connaître ces tourments dans lesquels bien souvent les hommes les laissaient seules.

La loi sur l'IVG a 40 ans aujourd'hui. Préservons ce droit qui préserve la dignité des femmes et qui est révélateur d'une société tolérante et humaniste.

mardi 25 novembre 2014

Parité à l’UMP : rendez les 40 millions !

Tribune publiée dans le Huffington Post


Parité à l’UMP : rendez les 40 millions !

Dans les années 80, Serge Gainsbourg faisait scandale en brûlant un billet de 500 francs à la télévision. Dans les années 2010, l’UMP aura laissé 40 millions d’euros partir en fumée sans que ce beau gâchis ne suscite la moindre émotion.

40 millions d’euros, c’est le montant de la pénalité globale infligée à l’UMP entre 2007 et 2017 pour non-application de la loi sur la parité. En effet, le plus grand parti de droite se prive de 4 millions d’euros de financement public par an pour avoir piétiné la parité aux élections législatives de 2007 et de 2012. Récidiviste, l’UMP aura chèrement payé en dix ans sa conception préhistorique de la société française dans laquelle la femme n’a visiblement pas sa place.

40 millions d'euros, voilà ce que coûte aux adhérents de l'UMP un groupe à l’Assemblée nationale composé à 84% d’hommes.

40 millions d’euros, c’est presque le coût de 2 campagnes présidentielles, c’est 4 « Sarkothons », c’est le budget de 20 campagnes municipales dans les plus grandes villes de France. C’est grosso modo le montant des cotisations de 300.000 adhérents pendant 5 ans.

40 millions d’euros, c’est le prix du siège national de l’UMP rue de Vaugirard à Paris dont l’acquisition a définitivement fait plonger les comptes du parti.

Cette énumération prend tout son sens lorsqu’on rappelle que l’UMP enregistre à ce jour une dette de plus de 70 millions d’euros. Pour sa survie financière, osera-t-elle afficher un casting aussi archaïque aux élections législatives de 2017 ?

Cet été, le gouvernement a légiféré pour doubler les pénalités des partis politiques qui ne respectent pas la parité lors de leurs investitures. L’effort est notable puisque, pour une fois, François Hollande a respecté une promesse de campagne.

Mais cela ne servira pas à grand-chose à l’UMP. Plutôt payer que d’investir des femmes et de sacrifier les sortants qui cumulent parfois jusqu’à six mandats successifs ! Les députés UMP sont trop contents de profiter sans vergogne de cette situation… Et les députées UMP, à quelques exceptions près, sont fières d’être aussi rares au milieu de cet aréopage de costumes gris. On ne peut pas compter sur elles pour s'exprimer dans les commissions d'investiture, ou pour déposer des propositions de loi pour changer les choses! Au pire, elles ont peur, au mieux, elles s'en moquent!

Pas de guerre des chefs dans ce domaine. Pour piétiner la parité, les ténors de l’UMP, comme les candidats à la primaire ouverte de 2016, s’entendent comme larrons en foire! Personne pour crier au scandale, personne pour demander la démission ou l’exclusion de qui que ce soit, personne pour dénoncer la fraude au code électoral. Silence radio.

Pourquoi se battre pour la parité? Beaucoup de nos concitoyens considèrent que ce sujet n'est pas prioritaire. Pourtant, tant que les décisions seront prises par une écrasante majorité d’hommes, rien ne changera pour la situation des femmes dans notre pays. Egalité professionnelle et salariale, discriminations au travail, violences faites aux femmes, politique familiale, service public de la petite enfance… Quel homme fera réellement avancer la cause des femmes et contribuera à changer les lois discriminantes?

Dans ces conditions, il faut que les femmes soient mieux représentées au Palais Bourbon pour faire évoluer les mentalités et pour exiger des règles très contraignantes. Tant que les patrons de l'UMP nous expliqueront qu’elles doivent être patientes et attendre le prochain tour, que le féminin de « député » est naturellement « suppléante »... Rien ne changera.

Pour inverser la tendance, le collectif « Femmes 21 » que je préside met une proposition choc sur la table : supprimer l’intégralité des financements publics aux partis hors-la-loi en matière de parité. Zéro euro de financement public : à ce tarif seulement, les pratiques politiques vont radicalement évoluer.

A quelques jours du premier tour de l’élection du Président de l’UMP, trois hommes s’affrontent pour présider aux destinées du premier parti d’opposition en France. Nous avons entendu Bruno Le Maire dénoncer le non-respect de la parité à l’UMP, sans dire précisément comment il imposerait cette exigence démocratique aux députés sortants. Nicolas Sarkozy n’a parlé que des femmes qui portent la burqa, oubliant qu’à l’UMP il y a toutes les burqa qui ne se voient pas. Et du côté d’Hervé Mariton, le sujet semble avoir été complètement escamoté.

Le prochain Président de l’UMP sera-t-il un artisan de la parité ? Après avoir perdu 40 millions pour misogynie aggravée, ce parti est-il capable de changer ?

A défaut d’entrer dans le 21ème siècle, après l'ère glaciaire, Messieurs, faites-nous un peu rêver et promettez-nous au moins le moyen-âge!

Géraldine POIRAULT-GAUVIN
Conseillère régionale d’Ile-de-France (Apparentée UMP)
Présidente du collectif « Femmes 21 »